Médias : Christine Kelly quitte « Factuel », en proie à des difficultés économiques

La marraine de Factuel, Christine Kelly, a choisi de quitter le navire, à peine sept mois après le lancement du média en ligne. L’animatrice phare de CNews, proche d’Eric Zemmour, l’a annoncé en interne mardi 5 décembre sur WhatsApp, comme l’a révélé La Lettre. « Mission accomplie », a-t-elle commenté laconiquement sur X mercredi en relayant un article sur son départ. A l’image de Dominique Rizet, le consultant police justice de BFM-TV qui parraine le média, Christine Kelly avait signé un contrat d’image rémunéré pour participer à la création du site Web et dispose d’une participation minoritaire au capital. « Elle a souhaité retrouver sa liberté », élude Hugues de Foucauld, le directeur général de Factuel. Sollicitée, elle n’a pas souhaité répondre au Monde.
Le départ de l’ancienne membre de l’ex-Conseil supérieur de l’audiovisuel de 2009 à 2015, devenue journaliste phare de CNews, intervient alors que la jeune entreprise traverse des difficultés économiques, de simples « ajustements », selon la direction du titre. En avril, au moment de la campagne de préabonnement, la direction de Factuel avait fixé l’objectif de 10 000 abonnés pour le lancement en mai. Le site Web n’a aujourd’hui que 700 soutiens payants selon nos informations, confirmant celles de La Lettre.
« Ce chiffre est minoré mais restera confidentiel », rétorque le producteur de télévision Stéphane Simon, principal actionnaire avec le banquier d’investissement Sami Biasoni, préférant mettre en avant les 8 000 abonnés à la newsletter (gratuite). L’ancien producteur de Thierry Ardisson se dit « serein » à l’idée de convaincre 25 000 abonnés lui permettant d’atteindre l’équilibre d’ici à 2026.
Reste que deux licenciements économiques sont dernièrement venus s’ajouter à la dizaine de départs ces derniers mois sur la vingtaine de salariés embauchés au lancement, sans compter que le rédacteur en chef, Romain Renner, quittera le média en janvier 2024 pour des « raisons personnelles ».
Aussi, les immixtions récurrentes de Stéphane Simon dans l’éditorial ont fini par choquer plusieurs ex-membres de la rédaction. « J’échange en tant que directeur de la publication avec la rédaction et les sujets font l’unanimité », répond celui qui a fondé la revue souverainiste Front populaire avec le philosophe Michel Onfray et le média en ligne 100 % vidéo Neo avec Sami Biasoni.
« Il a ses marottes autour des faits divers et des faits d’actualité qui vont faire réagir de manière déraisonnée », estime un ancien collaborateur souhaitant conserver l’anonymat. Tout en revendiquant une impartialité éditoriale, Factuel produit des articles, dans ses rubriques société et police justice, qui épousent les inquiétudes de la droite et de l’extrême droite : de l’assassinat de Samuel Paty à celui de la jeune Lola, en passant par l’attentat d’Arras ou l’attaque au couteau à Paris le 2 décembre.
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